Jeudi 05 février 2015
Salomé Voegelin
La performance de l’inaudible
Chercher ce que l’on n’écoute pas mais qui sonne quand même.
Pour mon intervention je vais exécuter une performance de l’inaudible, ou bien d’écoute de l’inaudible, pour initier une discussion au sujet de ce que j’entends par « l’inaudible ».
Quel est le lieu d’écoute de l’inaudible ? Est-il une réalité, ou seulement une possibilité, peut-être une possibilité impossible, ou même une impossibilité possible ? En suivant des idées phénoménologiques et logiques, en écoutant des oeuvres artistiques, musicales et des sons du quotidien, nous allons débattre des lieux, de la formation et du pouvoir de l’inaudible.
Si le monde visuel nous présente l’actualité, la représentation d’une réalité actuelle et convaincue ; et si le son nous présente la possibilité de ce monde actuel, son processus invisible, qui n’est pas en opposition au visible, mais fait partie de sa réalité par sa mobilité éphémère, et qui nous rend conscient de la construction du monde visible ; l’inaudible est l’invisible du son, qui pour des idées du goût esthétique, des raisons idéologiques et par notre paresse nous ne pouvons pas entendre, mais qui sonne quand même.
Cet inaudible, n’est donc pas seulement esthétique mais aussi politique et idéologique, de ce fait il est important que nous prenions conscience de son lieu et de ses possibilités et de ses impossibilités pour apprendre à écouter non seulement ce qui est apparent et connu, mais aussi ce qui est absent, non par son silence mais pour avoir été rendu silencieux : dans la langue, comme matérialité et comme concept esthétique, et aussi comme possibilité sociale et économique. C’est la responsabilité de l’artiste de créer un accès à l’inaudible, et c’est l’obligation de l’écrivain, du critique, de trouver un lieu dans le langage pour le discuter et le rendre possible, même seulement comme impossibilité, l’inaudible.
http://salomevoegelin.net