D’abord issu d’une formation jazz et musique assistée sur ordinateur à Jazz Action Valence, les années à l’Ensa Bourges m’ont permis dans un second temps de développer des pistes autour de la relation entre rêve et ordinateur. Le DNAP s’est construit autour de l’idée d’un monde où l’homme aurait disparu, laissant derrière lui des artefacts numériques, mettant le spectateur dans la posture d’un « archéologue d’un présent potentiel » (cf. McKenzie wark). C’est l’occasion de mettre en scène des documents comme les premiers rires enregistrés de Charley Douglass, le Blue screen of the death avec la composition d’un hymne post-humain, de créer des affiches avec des sous-titres automatiques d’un rapport amoureux, ou de figer sur écran ceux extraits de 2001:L’Odyssée de l’espace , la scène où Hal ne répond plus. La pratique de la radio se développe en parallèle de celle de l’image et de l’installation avec le collectif Friture ou à l’école avec Radioradio. Au fur et à mesure des recherches, The Idea of North de Glenn Gould y fait naître un intérêt grandissant pour la notion de contrepoint : via la musique de Bach, avec le sentiment d’ubicuité que Gould développe, et cette idée de superposition des temps ; ce qui me plonge ensuite dans la curiosité de la physique quantique. Cela fera naître un mémoire polyphonique tissé d’interviews, une conversation virtuelle développant en arborescence l’histoire de la musique grégorienne, une approche des sciences de la perception, de la cognition, de la physique du son ainsi que des récits d’expériences radio. Ce mémoire commence d’ailleurs en quatrième année au Canada, où je rencontre André Eric Létourneau et ses lives nocturnes sur Ckut composés de synthétiseurs, de poésies improvisées et d’enregistrements au dictaphone. A ce moment-là, on me donne aussi accès aux archives des émissions expérimentales de Benoit Fauteux aux mixs punks et délirants des années 80 à 2000 sur Cibl. De retour en France, cela me pousse à poursuivre des pratiques de musiques improvisées avec le groupe Sing mir ein neues Lied, les expériences hybrides avec Raadio Caargo, ainsi que l’étude de la synthèse (granulaire, analogique…). Après le DNSEP, j’étudie le cinéma à l’Esav pendant un an à Toulouse, les cours de scénarios m’encouragent à retourner sur des formes d’écritures polyphoniques, à la radio et en musique.

Cette année, les expériences continuent avec le groupe de trap progressive BeBom18 et se lance des projets comme l’émission de mix Sms from the Moon, ou la musique sous le nom de Radio Uphê Umwelt (nom provisoire). Aujourd’hui je m’intéresse à des formes inspirées du free jazz avec la synthèse, l’intrication de motifs rythmiques, et la composition à partir de samples en musique et en image : comme un générateur de paysages, de fictions, une tentative de transcription d’un monde complexe, instable, ample et transversal.

Liens :

https://les1.syntone.org (Mémoire sous la direction de Jean-Michel Ponty, également suivi en continu par Jérôme Joy)

https://www.instagram.com/romain.gaudllr/